Définition de ORPHELIN, INE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : or-fe-lin, li-n'

DÉFINITIONS

1
Enfant qui a perdu son père et sa mère ou l'un des deux.
Les orphelins qui de tous les pauvres sont les plus abandonnés
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. char. env. les orphel. t. I, p. 100
Le sang de l'orphelin, les pleurs des misérables Sont ses mets les plus agréables
de Jean RACINE dans Esth. III, 3
....Je suis, dit-on, un orphelin, Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance, Et qui de mes parents n'eus jamais connaissance
de Jean RACINE dans Ath. II, 7
....Que Dieu veut être aimé, Qu'il venge tôt ou tard son saint nom blasphémé, Qu'il est le défenseur de l'orphelin timide
de Jean RACINE dans ib. II, 7
Cette célèbre Catherine [Catherine Ire], orpheline, née dans le village de Ringen en Esthonie, nourrie par charité chez un ministre livonien....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Russie, Anecdotes
L'idée de cette tragédie [l'Orphelin de la Chine] me vint, il y a quelque temps, à la lecture de l'Orphelin de Tchao, tragédie chinoise traduite par le P. Prémare, qu'on trouve dans le recueil que le P. du Halde a donné au public
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. Épît.
Sincérité, bonté, fierté, Dieu demandera-t-il davantage à l'orpheline qui se trouvait seule dans l'univers ?
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, XIV, 4
Orphelin de père, celui dont le père seul est décédé. Orphelin de mère, celui dont la mère seule est décédée.
2
Les Orphelins, se dit dans plusieurs villes d'une maison d'asile pour les orphelins.
3
Nom pris par un grand nombre de hussites après la mort de Ziska, leur chef.
4
Nature : Adj. Il est orphelin de père et de mère.
Là le fils orphelin lui redemande [à un mauvais médecin] un père
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV

HISTORIQUE

1
XIe s.
À la vedve e as orphanins
dans Lois de Guill. 9
2
XIIe s.
Tant enfant ierent [seront] de lor pere orfenis
dans Ronc. p. 72
Innocens orphenins, vedves veiz [tu vois] essillier, Ceaus [ceux] qui culpes n'i unt hors del païs chacier
dans Th. le mart. 89
3
XIIIe s.
Et si se desnue et desrobe, Qu'ele est orfenine de robe
dans la Rose, 6176
Il ne loist pas [n'est pas permis] au pere et à le [la] mere à donner tout à l'un de lor enfans, que li autre en demeurent orphelin et desherité
de Philippe de BEAUMANOIR dans XIV, 15
4
XIVe s.
Car Savaris.... le sien pere [d'une princesse] enherba [empoisonna] Le fort roy Looys, dont orphe [elle] demoura
dans Hugues Capet, v. 1925
Hennequin qui estoit et est desaagez, orphenes, pupilles et menres d'ans [mineur]
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans aagiatus.
5
XVe s.
Fille que j'ay, puis que vous fustes née, Orphenine de mere defaillant, Dix et sept ans nourrie et gouvernée....
de Eustache DESCHAMPS dans Ball. Comment le père....
6
XVIe s.
N'avez vous point pitié de ma douleur, En me voyant de dame estre mechine, De liberté et franchise orpheline [privée] ?
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 40
Son armée demeura orpheline de capitaines et de conducteurs
de Vincent CARLOIX dans I, 14
Ilz y demourerent presque tous, et n'en eschappa qu'un petit enfant orphelin de pere et de mere
de Jacques AMYOT dans Cimon, 1
Lesquels comptes avec les doubles des inventaires qui se font des biens des trespassez delaissans enfants mineurs, et les pieches servans ausdits comptes se gardent et mettent en la chambre des orphelins
dans Nouv. coust. génér. t. I, p. 290

ÉTYMOLOGIE

1
L'ancienne forme est orphenin, d'un dérivé non latin orphaninus, de orphanus, orphelin ; comparez le lat. orbus, privé de, et le sanscr. orbhaka, enfant, arbha, petit ; allem. Erbe, héritier. Orphanus (a bref) a donné l'ancien français orphe ; l'espagn. huerfano ; le portug. orfão ; l'ital. orfano.